La peau parcheminée
- Marie-Thérèse Peyrin
- 11 févr.
- 2 min de lecture
Ils disent "c'est l'oeuvre de toute une vie " - Alors tout ce qui est créé en deçà de cette envergure ne peut pas compter ? Pour personne ? Une toute petite vie et une grande oeuvre. Une grande vie bien remplie et pas la moindre trace d'oeuvre écrite à transmettre.
C'est le sort ordinaire de la grande majorité de l'humanité. Mais il ne faut pas être si pessimiste. Un jour, elle a dit à un écrivain : "l'oeuvre de ma vie, ce sont mes enfants, je les ai accueillis comme des pages blanches à remplir ensemble, jour après jour". Aujourd'hui
on prétend que la maternité peut ne pas combler la vie d'une femme, qu'elle a le besoin et le désir d'autre chose. Son corps lui appartient et elle ne se laisse plus dicter les conditions de sa fertilité. Du moins dans les pays où son corps est moins à la merci de la domination masculine. Quoi qu'il en soit, à un moment qui ne se prévoit pas à l'avance, ce type d'oeuvre disparaît du paysage, mais au grand jamais de l'esprit qui l'a conçu. Il existe bien sûr des exceptions. Le corps se souvient de cette annexion parturiente, en silence. Peu de choses sont écrites à ce sujet. En tout cas, ce n'est pas encore un sujet porteur en littérature.
Il est encore trop tôt. L'oeuvre de chair est confinée à des clichés plus ou moins entachés d'idéologies prescriptives. Vivre et écrire sont à la remorque de toute cette violence non-dite et de cet amour plus grand que soi. Le corps des femmes a besoin de trier ses douleurs et ses jouissances. A l'échelle d'une vie, il y aurait beaucoup à dire et à redire. Rien n'empêche en attendant plus ample informé, de regarder plus attentivement toutes leurs peaux parcheminées. La peau est-elle un palimpseste qui peut être lu ?
Komentarze