La vie sans commentaire
- Marie-Thérèse Peyrin
- 17 févr.
- 1 min de lecture
Longtemps tu as cru intéressant de retenir des mots et des instants de vie dans des carnets, sur des bouts de papier , rarement des cahiers, puis dans des dossiers words étiquetés. Aujourd'hui, tu te contentes de griffonner des notes aide-mémoire à propos d'émissions littéraires ou documentaires dont tu n'auras aucun usage précis ni immédiat. Juste le goût de retenir brièvement des choses qui t'étonnent et te donnent à réfléchir. Tu n'es donc plus dans "l'intention" notion chère à celles et ceux qui suivent des Ateliers d'écriture collectifs et n'imaginent pas facilement que la route de la publication n'est pas celle qui apporte le plus de satisfaction tant elle est sinueuse et ingrate, voire vouée à l'indifférence générale. Pratiquer l'écriture en vase clos dilue beaucoup la saveur du geste inédit. Qui donc aurait envie de lire quelque chose qui ne le concerne pas ou si peu ? Qui donc devrait savoir ce que l'on ne sait pas ou plus soi-même ? Malgré ce constat très personnel, l'expérience de la mise en ligne de textes inédits dans un format réduit, te permet de trouver un cadre d'énonciation praticable. Tu écris dans une sorte de forge verbale permanente soucieuse du moindre de tes gestes. Comme en peinture, tu apprends à sculpter le dicible dans la matière - langue. Tu ignores à l'avance quelle phrase sera modelée, ni son degré d'incandescence qui ne dépend pas de toi, ni des circonstances. Tu écris, hors du temps dans un espace très familier. Te lire et te relire t'apportent un plaisir transitoire. Tu guettes le moment où tu auras envie de tout effacer.
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