Tu ne crois pas si bien dire ?
- Marie-Thérèse Peyrin
- 10 févr.
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 16 févr.
Les phrases sont des phalanstères qui se côtoient sans se parler directement.
Partout où elles circulent elles ont leur mission respective . Elles occupent le
terrain de nos infusions de paroles que nous buvons à longueur de temps.
Quand la phrase s'arrête un territoire se clôt. Une barrière de temps s'érige.
En relisant chaque phrase attentivement leur vacuité ou leur force se révèle.
Le sujet des phrases n'est pas indifférent à l'intérêt de ce qui s'écrit. Tu vois
à quel point tu tournes autour des mêmes thèmes et comment tu les arrimes
à ta pensée dans l'instant . La nature des phrases dépend des émotions du jour.
Un simple reportage, un moindre filet de presse peut déclencher un tsunami de
colère ou de compassion. Tu n'écris pas pour les autres ici. Leur avis demeure
inopérant sur ce que tu t'apprêtes à consigner. Tu n'as plus besoin de modèle.
Les citations vont sans doute servir de marque-page, les pages de ta vie qui
s'étiole sans le moindre regret. C'est pour cela que tu aimes contempler les
vieilles personnes dont tu rejoins le sort. Pour toi, les belles choses sont faites
et engrangées. Mais tu restes disponible au bonheur. Tu es une femme ordinaire,
qui a eu de la chance. Tu as une écriture à toi, comme la chambre de Virginia.
Elle est petite, un peu trop encombrée mais confortable, elle est faite de tous
les mots appris et répétés.
Sur ses murs il y a des images très personnelles, parce que toutes choisies.
Tu n'as plus rien à te prouver. Le dehors te fait frémir. Mais l'humanité t'attire,
ne serait-ce que parce que toute main tendue à la détresse de l'autre est
aussi la tienne. Cette conviction tient debout dans cette seule phrase. Et
tu ne crois pas l'avoir encore si bien dite. Cette phrase est lourde de sens.
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